• Echange fatalSecrets et mensonges ****

    « Twisted River » (« Echange fatal ») est le premier roman de Siobhan MacDonald que je lis et s’est avéré une agréable découverte. 

    “Twisted River” nous emmène au coeur de la vie de deux familles : Oscar et Hazel Harvey aux Etats-Unis et Mannix et Kate O’Brien en Irlande. Les deux couples et leurs enfants respectifs vivent des moments difficiles pour diverses raisons et décident de changer d’air lors des vacances d’octobre par le biais d’un échange de maisons  -Hazel souhaitant revenir dans sa ville natale en Irlande et les O’Brien profitant de l’occasion unique de passer des vacances de rêve dans un appartement new-yorkais.

    Dès les premières lignes, le lecteur ne peut manquer d’être intrigué : «She would never have fit as neatly into the trunk of his own car. He presses two fingers against her beautiful neck. Just in case. No pulse. The blow was fatal. He looks at her one last time and closes the trunk.” 

    Après cette délicate mise en bouche, la narration alterne les points de vue des quatre adultes, dessinant ainsi peu à peu un tableau des non-dits, des secrets, des mensonges et des tensions dans les deux familles. Il m’est impossible d’en dire plus sous peine de vous gâcher le plaisir de la découverte mais je puis vous dire que j’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteur se joue de nous. Les événements nous sont présentés de telle sorte que ce qui nous paraissait évident ne le sera plus à la lumière des chapitres suivants, au point de m’être demandé parfois si je comprenais bien ce que je croyais comprendre (vous suivez ? smile)

     

    Les amateurs de thrillers trépidants seront peut-être déçus par ce roman car il ne s’agit pas d’action pure mais je pense qu’il devrait plaire aux amateurs de suspense psychologique. Ma seule réserve (et la raison pour laquelle je n’octroie que quatre étoiles) concerne la fin du roman, qui à mon sens relève davantage du thriller conventionnel et n’est pas tout à fait à la hauteur de ce qui précédait. Cela étant, je me réjouis de découvrir les autres œuvres de cet auteur prometteur, qui avec « Twisted River » sort du lot des thrillers surmédiatisés mais banals dont nous sommes régulièrement abreuvés. 


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  • The BreakdownD'une grande banalité **

    Après avoir trouvé « Derrière les portes » moins brillant qu’annoncé et au risque de jouer de nouveau les rabat-joie, je ne partage pas l’enthousiasme suscité par ce livre sur Amazon.uk, où la majorité des lecteurs lui octroient 5 étoiles.

    Le début était pourtant prometteur : une jeune femme, Cass, rentre chez elle un soir d’orage par un raccourci isolé et aperçoit une voiture à l’arrêt. Elle hésite à porter secours à la conductrice mais celle-ci ne se manifestant pas par un appel ou un coup de klaxon, Cass poursuit son chemin. Ce qu’elle apprend le lendemain ne cessera de la tourmenter pendant de longues semaines et marquera le début d’une lente dégradation de son état mental. A moins que…

    « The Breakdown » se lit aisément et si le lecteur est à la recherche d’une distraction facile, ce roman fera sans doute l’affaire. Si par contre vous êtes féru de thrillers et de romans policiers, je pense que comme moi, vous émergerez de votre lecture avec un sentiment d’insatisfaction. A l’exception de l’un ou l’autre moment plus prenant, l’ensemble est beaucoup trop prévisible, présentant des situations et des scènes  vues des centaines de fois auparavant. Le style littéraire est très simple –sans demander un Nobel de Littérature, il faut reconnaître qu’on est à mille lieues des grands auteurs du genre-  et tout comme dans « Behind Closed Doors », certains éléments sont peu crédibles.

     

    Une lecture facile qui peut plaire à certains -je pense qu’à l’adolescence, c’est le genre de livre que j’aurais apprécié-  mais personnellement, je l’ai trouvée au final décevante et en tout cas pas à la hauteur des recommandations dithyrambiques que j’ai pu lire.  Dans la catégorie "suspenses psychologiques", d'autres auteurs qui ne bénéficient hélas pas d'un tel buzz médiatique proposent des oeuvres bien plus intéressantes et si vous aimez ce genre, je vous recommande plutôt "Te laisser partir" de Clare McKintosh, "Canicule" de Jane Harper ou encore "Révélée" de Renée Knight (voir liens ci-dessous).

    Te laisser partir

    Canicule

    Révélée

     

     


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  • DésorientaleLeçon de tolérance ****

    « Désorientale » est l’histoire de Kimiâ, jeune femme d’origine iranienne dont nous faisons la connaissance dans la salle d’attente du service de procréation assistée de l’hôpital Cochin à Paris. Kimiâ nous raconte alors son histoire, passé et présent mélangés dans l’afflux des souvenirs, et nous emmène au cœur de l’exil et de ce qu’il peut représenter pour un individu. 

    D’un ton tantôt grave, tantôt léger, la narratrice raconte sa famille et son pays : des individus hauts en couleurs, parfois même des héros, emportés dans une Histoire encore récente, celle de la révolution iranienne de 1979. Au fil de ce récit prenant, la narratrice, fille d'intellectuels opposés au pouvoir en place, aborde des thèmes douloureux mais sans jamais verser dans le mélodrame, malgré le caractère réellement dramatique de certains événements : le déracinement, la transition d’une culture à l’autre, la quête de l’identité sexuelle, la découverte d’une France bien éloignée de l’idée qu’elle s’en faisait, petite fille, au travers de Voltaire et d’Hugo, et puis, « L’EVENEMENT », auquel elle fait référence très tôt dans le livre et dont elle ne parvient pas à parler tout de suite. La narration temporelle est quelque peu désorganisée, comme si elle suivait les méandres de l’esprit de l’auteur, mais cela ne gêne en aucun cas la compréhension de l’histoire.  

    « Désorientale » est un livre plaisant à lire, qui a le mérite d’être à la fois didactique  -j’ai appris beaucoup de choses sur l’Iran et en particulier sur la transition entre le régime du Shah et celui de Khomeiny-  et profondément humain, portant un regard « de l’intérieur» sur la réalité de l’exil en ces temps de crises migratoires et ouvrant ainsi le nôtre. Vivement recommandé…

     


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  • DuplicityUn délicieux moment de lecture pour les amateurs de thrillers psychologiques ****

    De nombreux romans de ce genre, encensés par la critique, se révèlent au final décevants car très ordinaires, avec un prétendu « twist-that-you-won’t-see-coming » qu’un lecteur un peu averti aura deviné très vite. Tel n’est pas le cas ici : Sibel Hodge nous emmène dans une histoire captivante et a réussi à me surprendre, alors que je suis férue de thrillers psychologiques.

    Max et Alissa Burbeck sont jeunes, beaux, riches et ils s’aiment (rassurez-vous, c’est tout pour la partie cliché), jusqu’à ce que le meurtre de Max, dans leur propre maison, vienne mettre un terme brutal à ce tableau digne d’un roman Harlequin. Alissa parvient quant à elle à s’échapper, ce qui laisse perplexe le policier Warren Carter alors que son supérieur pense avoir bouclé l’enquête: pourquoi Alissa a-t-elle été épargnée et est-elle vraiment la veuve éplorée, douce et gentille, que chacun se plaît à décrire ?

    Je ne peux en dire plus de l’intrigue car il vaut mieux vous laisser emporter au fil des pages et des surprises que l’auteur nous réserve. Le suspense est assuré par une alternance des narrations : le point de vue du détective et celui d’un mystérieux personnage, « The Other One », qui revient sur son enfance traumatisante dans une ferme, aux mains d’un père bourreau, et dont nous n’apprendrons l’identité que plus tard.

    Ma seule réserve concerne l’une ou l’autre coïncidence qui nécessiteront une certaine dose de « suspension of disbelief » chez le lecteur mais ceci mis à part, « Duplicity » contient tous les ingrédients que j’aime trouver dans une enquête policière : une lecture fluide, suffisamment de suspense pour que la manne de linge à repasser devienne résolument antipathique, un aspect psychologique bien présent (le deuil qu’essaie vainement de gérer Carter, la souffrance de « the other one » et sa compassion envers les seuls êtres proches, les animaux)… et enfin, des pages finales qui se tournaient littéralement toutes seules.

    Un roman bien construit et très agréable à lire, un "beach book" dans le sens le plus positif du terme, à emporter en vacances sans hésiter smile

     

     


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  • Trois jours à ChicagolandUn bon moyen de découvrir un excellent auteur ****

    Je ne suis pas particulièrement amatrice de nouvelles, leur préférant un roman plus dense et développé, mais j’aime beaucoup l’écriture et les thématiques sombres de RJ Ellory et j’ai donc voulu découvrir « Three Days in Chicagoland ».

    La trilogie est composée de nouvelles (« The Sister », « The Cop » et « The Killer »), à lire impérativement dans l’ordre sous peine de n’y rien comprendre : en effet, le récit est celui du meurtre d’une jeune institutrice, Carole Shaw, dans les années 50, récit présenté par trois narrateurs différents.

    La première partie est le point de vue de la sœur de Carole, Maryanne, lors des moments précédant l’exécution du meurtrier sur la chaise électrique : le décompte macabre de la dernière minute  -un coup de fil du gouverneur peut-il encore empêcher l’exécution ?-  est entrecoupé de flash-backs par lesquels Maryanne raconte au lecteur ce qui est arrivé à sa sœur. La seconde est la version des mêmes faits par le policier en charge de l’enquête, Maguire, et la troisième donne la parole au tueur.

    La plupart des reproches que j’ai pu lire concernant ces récits faisaient référence à leur caractère trop court. S’il est vrai que « Three Days in Chicagoland » est moins impressionnant que « A Quiet Belief in Angels », par exemple, il s’agit cependant d’une trilogie parfaitement réussie si l’on part du principe que l’on est dans le domaine de la « short story ». Les amateurs de RJ Ellory y retrouveront une écriture de qualité, une tension palpable lorsqu’il décrit les derniers moments du condamné, ainsi que quelques rebondissements dans la dernière partie. Ma seule réserve concerne une coïncidence un peu trop surprenante mais l’auteur lui-même anticipe cette réserve en écrivant dans le récit que cette coïncidence est incroyable, comme s’il avait lu dans les pensées de ses futurs lecteurs smile

     

    S’il est difficile de démontrer tout son potentiel de grand écrivain dans des nouvelles, Ellory a pourtant selon moi réussi à éviter cet écueil et à nous proposer un récit qui répond parfaitement aux exigences du genre. Si le choix d’une trilogie de nouvelles et non d’un roman complet peut paraître un défaut à certains fans, je pense quant à moi que ce choix peut également être une qualité : des récits courts peuvent attirer des lecteurs moins fervents, peu désireux de se lancer dans un roman complexe, et leur permettre ainsi de découvrir de manière plaisante l’univers de RJ Ellory.  

    Du même auteur: Papillon de nuitLes anges de New-YorkSeul le silenceMockingbird SongsGhostheart

     


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