• Seul le silence

     

    Seul le silence

    "Je sens la chaleur de mon propre sang sur mes mains, et je me demande si je vais continuer à respirer longtemps. Je regarde le corps d'un homme mort devant moi, et je sais qu'à petite échelle justice a été rendue. Revenons en arrière, maintenant, remontons au tout début < …> Tout doit être silencieux, car lorsqu’ils viendront, lorsqu’ils viendront enfin me chercher, nous devrons être en mesure de les entendre." *****

     

    Plusieurs années après avoir découvert R.J. Ellory grâce à ce roman (en version originale, "A Quiet Belief in Angels"… merveilleux titre), j'ai eu envie de m'y replonger pour voir s'il avait gardé sa puissance narrative et je n'ai guère été déçue.

    Des coups de feu dans une chambre d'hôtel à New York, deux hommes face à face: l'un est mort et l'autre revient sur les événements tragiques qui les ont menés là.

    Joseph Vaughan a douze ans lorsque la petite communauté d'Augusta Falls est secouée par les assassinats successifs de petites filles. Il découvrira même le cadavre de l'une d'entre elles et son incapacité à protéger ces enfants le hantera tout au long de sa vie. Ce récit est entrecoupé par des flashes dans le présent, narrés par Joseph Vaughan plusieurs décennies plus tard, alors qu'il est sur le point de clôturer de manière définitive la tragédie qui a assombri son existence entière.

    L'intrigue classique pourrait se suffire à elle-même  –le suspense d’une histoire de tueur en série dont l’identité n’est révélée qu’à la fin–  mais "Seul le silence" a ce petit quelque chose en plus qui fait les grands romans, à l'instar de Thomas H. Cook ou John Hart. Il émerge clairement, incontestablement, grâce à une très belle écriture, un personnage bouleversant qui dégage une infinie tristesse au fil d'un parcours déchirant, une atmosphère sombre et nostalgique. Le rythme est lent, poétique, on se laisse pénétrer par les images, les personnages, les événements : «Au-dessus de ma tête des feuilles d’automne se recroquevillant sur leurs branches telles des mains d’enfant, des mains de nourrisson : quelque ultime effort plaintif pour capturer les vestiges de l’été jusque dans l’atmosphère, et le retenir, le retenir tout contre soi, car il serait bientôt difficile de se rappeler quoi que ce soit hormis l’humidité maussade, oppressante qui semblait éternellement nous cerner.»

    Michael Connelly himself qualifie ce roman de "beautiful and haunting book" et de "tour de force"... ces commentaires à eux seuls sont suffisamment éloquents et je ne peux que vous le recommander, tout comme les autres oeuvres d'Ellory ("Papillon de nuit" et "Les fantômes de Manhattan" pour ne citer qu'eux). A ne pas manquer: la parution en mai 2019 d'une nouveauté, "Le chant de l'assassin", traduction de l'excellent "Mockingbird Songs" (voir chronique ci-dessous).



    Du même auteur:

    Papillon de nuit

    Les fantômes de Manhattan

    Un coeur sombre

    Mockingbird Songs


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