• Tout ce qui est à toi brûlera

    Tout ce qui est à toi brûlera « Je vis dans une prison ouverte entourée de champs sans murs et de marais sans clôtures. C’est l’immensité du terrain qui me maintient prisonnière. Je suis retenue, incarcérée dans le plus ouvert de tous les paysages. » *****

    Thanh est arrivée du Vietnam avec sa sœur Kim-Ly dans l’espoir de commencer une nouvelle vie en Angleterre. Bien loin des promesses des passeurs, c’est l’enfer qui l’attend : une vieille ferme isolée où elle est réduite en esclavage par un homme qui se prétend son mari et lui ôte jusqu’à son prénom, qui la mutile pour l’empêcher de fuir et qui brûle une à une ses dernières possessions lorsqu’elle n’agit pas comme il le souhaite. Parmi ces biens ultimes, une photo de ses parents, les lettres de sa sœur à Manchester, un vieil exemplaire du roman de Steinbeck « Des souris et des hommes ». Sept longues années d’humiliations et de violences diverses, le corps soumis et presque détruit mais l’esprit silencieusement rebelle (« je ne m’appelle pas Jane »), et enfin une lueur d’espoir : une petite vie qui grandit en elle et une nouvelle voisine qui cherche un pré pour son cheval…

    Je n’étais pas sûre d’avoir envie de lire ce livre compte tenu de sa thématique et ce sont les critiques extrêmement positives qui m’y ont incitée. Le mot « coup de cœur » ne me paraît pas approprié vu sa dureté mais je lui octroie sans hésiter cinq étoiles, tant Will Dean parvient à nous faire vivre viscéralement la solitude absolue et la douleur physique et morale insoutenable de la narratrice. J’ai eu l’impression d’être littéralement en apnée tout au long de ma lecture, tour à tour compatissante, indignée, choquée, me surprenant à penser « mais vas-y », « noooon, ne fais pas ça »…

    « Tout ce qui est à toi brûlera » est un huis-clos oppressant et anxiogène, avec en filigrane le souvenir des inoubliables George et Lennie et, personnage à part entière, la campagne dans ce qu’elle a de plus brut et de plus désolé : les champs à perte de vue, les marais et la mer que l’on devine au loin, le froid et l’humidité qui percent les os. Une lecture percutante que je vous recommande.


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