• He Said / She SaidHe Said / She SaidOmbres et lumières *****

    J’avais découvert Erin Kelly grâce à son premier roman, « The Poison Tree », dont j’avais aimé les accents rendelliens, et « He Said/She Said » m’a séduite encore davantage, alliant à la fois atmosphère, suspense constant et qualité d’écriture.

     

    Alors que de nombreux romans à suspense se ressemblent au point de ne plus se distinguer les uns des autres, Erin Kelly nous emmène dès les premières lignes dans le monde particulier et fascinant des chasseurs d’éclipse, articulant la construction de son récit sur les cinq phases d’une éclipse (first contact, second contact, totality, third contact et fourth contact) et utilisant cette dernière comme métaphore des jeux d’ombres et de lumières omniprésents dans la narration.

    Cette narration se fait du point de vue alterné de deux protagonistes, Kit et Laura, à deux époques différentes. Lors de l’éclipse du 11 août 1999, Kit et Laura se rendent en Cornouailles pour assister au spectacle et y rencontrent une jeune femme, Beth, dans d’étranges circonstances qui changeront le cours de leurs vies ; ces événements seront suivis d’un procès en l’an 2000 mais je ne vous dirai pas pourquoi smile En 2015, Kit se prépare cette fois à partir seul aux îles Féroé pour assister à une nouvelle éclipse, Laura, enceinte, restant seule à Londres. Les deux jeunes gens vivent manifestement dans la crainte, au point d’avoir changé d’identité, et ils mettent tout en œuvre pour ne pas pouvoir être retrouvés  -ce qui est compromis par la présence connue de Kit aux éclipses. Qui craignent-ils et pour quelles raisons… c’est ce que vous découvrirez au fil du roman.

    Ainsi que l’indique le titre, « He Said/She Said » joue sur l’impossibilité de concilier deux versions des faits et de trancher. Tout au fil de l’histoire, le lecteur se voit confronté à des récits qui semblent parfois s’accorder avant de prendre une tout autre direction et de mettre à mal ses certitudes. L’intrigue est très ingénieuse et présentée de manière à nous surprendre tout au long du récit suivant les époques et les narrateurs.

    Par ailleurs, Erin Kelly fait preuve d’une grande maturité d’écrivain en prenant le temps de camper ses personnages et ses décors  -j’ai lu que certains lui reprochent une lenteur dans la mise en place mais personnellement, je considère que c’est une qualité par rapport à des romans qui se contentent de narrer les faits tels quels- et elle a en outre une écriture soignée, avec des formules qui font mouche. A titre d’exemple, elle décrit avec élégance la fascination face à une éclipse (« as if a giant hand had reached down from the sky and touched me ») et exprime de manière percutante la honte d’un personnage face à ce qu’il est en train de faire : « <…> and even the devil on my shoulder turned his back in disgust ».

    Vous aurez compris que je vous recommande chaleureusement ce roman, qui m’a passionnée de bout en bout au point d’avoir du mal à le quitter et qui plaira aux fans de Kate Morton, Katherine Webb ou encore Ruth Rendell.

     

     


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  • "On parle souvent de l'enchantement des livres. On ne dit pas assez qu'il est double. Il y a l'enchantement, et il y a celui d'en parler." (Amin Maalouf)

    Merci aux jeunes lecteurs qui ont accepté de se prêter à l'exercice de la critique littéraire pour partager leur bonheur de lire smile

     

    Robert Merle, La mort est mon métier  (Chloé, 18 ans)

    George Orwell, 1984 (Quentin, 15 ans)

     


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  • Le coup de cœur de Chloé (18 ans)

     

    Jeunes adultesRobert Merle, La mort est mon métier 

     

    « J'ai dû lire ce livre dans le cadre du cours de français et depuis lors, je l'ai relu plusieurs fois. Tout commence de manière banale : Rudolf Lang est un jeune garçon qui reçoit une éducation catholique "normale" pour l'époque. Au fur et à mesure, le lecteur en apprend de plus en plus sur cette personne, pour finalement découvrir le terrible métier que le personnage exerce : commandant du camp d'extermination d'Auschwitz.

    C'est une biographie fictive que nous propose Robert Merle mais qui semble tellement réaliste. La montée dans le parti nazi de Rudolf y est très bien narrée. On trouverait presque, à certains passages, le personnage attachant, même si le fond reste horrible avec des atrocités sous toutes leurs formes. Ce livre m'a totalement bouleversée.

    Depuis ma lecture de ce dernier, je me suis intéressée à cet effroyable événement qu'est la seconde guerre mondiale et plus particulièrement aux cas de Rudolph Höss (dit Lang dans le livre) et d’Heinrich Himmler. « La mort est mon métier » m’a ouvert les yeux sur cette partie de l’histoire. Il est à fois intéressant et passionnant et je n’ai pas pu le lâcher avant la fin. »

     


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  • Le coup de coeur de Quentin (15 ans)

     

    Jeunes adultes

    « Le récit se situe dans un monde dystopique où la population est perpétuellement épiée pour vérifier qu’elle ne trahit pas, même par la pensée, le Parti et son leader Big Brother. Impossible d’échapper à la vigilance constante, comme le promettent les affiches omniprésentes… « Big Brother is watching you »!

    Tout acte politiquement incorrect est perçu et même les pensées sont contrôlées. Tout signe pouvant traduire une pensée dangereuse pour le Parti peut se solder par une arrestation arbitraire et une disparition pure et simple.

    Winston, le personnage principal, rêve qu’un jour tout change et que le peuple renverse Big Brother. Pour ce faire, il tente de rejoindre laFraternité, une organisation secrète qui lutte contre le Parti.

    J’ai beaucoup aimé ce livre car il nous incite à ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans le monde en ce moment. Et on voit ce qui pourrait nous faire basculer dans le totalitarisme comme par exemple la surveillance accrue des gens et la limitation de libertés au nom de la sécurité, le succès toujours plus grand des extrêmes,…

    Il est situé en 1984 mais est en réalité intemporel par le message qu’il transmet. En anglais, le roman est paru en 1949, mais a été écrit en 1948, ce qui pourrait expliquer le choix de la date, Orwell ayant peut-être tout simplement inversé les deux derniers chiffres (48 → 84). En plaçant l’action du roman à une date aussi proche, on dirait qu’Orwell nous lance un avertissement… Nous devons être vigilants car l’arrivée au pouvoir d’une dictature n’est peut-être pas si lointaine. A nous d’en reconnaître les signes et de les combattre.

     

    De plus l’univers est brillamment imaginé et décrit, ce qui permet de s’immerger dans le récit et de comprendre les tenants et les aboutissants de ce qu’entreprend Winston et tout ce qu’il vit et subit. Au fil du récit, on se prend à croire à la Fraternité et à une révolte possible. »


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  • Dead Woman Walking

    Sharon Bolton au sommet de son art *****

    Sharon Bolton est un auteur que j’ai découvert il y a quelques années et dont j’ai lu tous les romans avec plaisir. Le moins que l’on puisse dire est que comme le vin, elle se bonifie avec le temps et « Dead Woman Walking » la fait définitivement entrer dans la cour des grands.

    Le prologue nous plonge directement dans le vif du sujet : « This woman  -Jessica Lane-  should have died. Eleven people were killed in that crash. Not only did Lane survive, she walked away. She’s still walking <…> I want her found.”

    Vous feriez preuve de masochisme en entamant le livre sans avoir un bon moment de temps libre devant vous pour le savourer. En effet, Sharon Bolton parvient à captiver son lecteur dès la scène d’ouverture : témoins d’un meurtre violent, les passagers d’un ballon deviennent des cibles à abattre et tentent désespérément d’empêcher le crash. Jessica Lane, qui avait offert ce voyage à sa sœur pour ses quarante ans, a croisé le regard de l’assassin et sera la seule survivante, ainsi que nous le savions dès les premières lignes. Mais contre toute attente, Jessica ne se présente pas à la police…

    Je ne peux pas vous en dire plus sur l’intrigue pour ne pas gâcher votre plaisir de lecture mais le moins que l’on puisse dire est qu’elle est riche en rebondissements et aborde des thèmes à la fois intéressants et sensibles. Imprégné de l’atmosphère du Northumberland, le roman oscille entre présent et passé, l’enquête policière actuelle étant interrompue par des flash-backs qui nous racontent l’histoire familiale de Jessica et Isabel. Les chapitres sont courts et les révélations fréquentes, ceci assurant une lecture passionnante et sans temps morts qui a de plus eu le mérite de me surprendre et de me démontrer que je n’étais pas aussi perspicace que je le pensais frown  Mais tous les amateurs de romans policiers reconnaîtront ce délicieux moment du « mince alors, je ne l’avais pas vu venir » qui donne envie de relire tout le livre pour comprendre comment on a pu être ainsi manipulé…

     

    Des dialogues réalistes, des atmosphères savamment évoquées -que ce soient un couvent ou la campagne anglaise-, des énigmes à différents niveaux, des personnages crédibles, des sujets de société difficiles… un roman qui vous fera réfléchir à deux fois si vous rêviez d'un voyage en montgolfière mais qui comblera les amateurs de thrillers psychologiques et que je vous recommande vivement smile


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