• La fille dans le brouillardLe quatrième pouvoir ****

    « La fille dans le brouillard » est un roman qui diffère quelque peu des polars traditionnels, notamment « Le chuchoteur » du même auteur. Les ingrédients sont pourtant relativement classiques : dans un petit village de montagne, une jeune fille, Anna-Lou, disparaît peu avant Noël. Les jours passent, l’inquiétude croît, l’opinion publique demande un coupable. Qu’à cela ne tienne, le commissaire Vogel leur en trouvera un et si les preuves ne sont pas suffisantes, eh bien, il veillera à ce qu’elles le deviennent…

    La particularité de ce thriller tient probablement à l’absence de détails sanglants et à l’accent mis sur le rôle sombre des médias dans ce genre d’affaires. Le commandant Vogel est un homme sans scrupules, peu soucieux des conséquences de ses actes et du tort qu’il peut causer et qui n’hésite pas à utiliser et à manipuler les journalistes pour sa gloire personnelle. Le professeur Martini n’a pas d’alibi pour le jour de la disparition et le fait qu’il soit un enseignant respecté ne le protégera pas de l’acharnement de Vogel, qui tient là son coupable idéal.

    Si certains lecteurs de Donato Carrisi ont été déçus par ce changement de cap par rapport au « Chuchoteur », ce ne fut pas mon cas : un thriller ne doit pas nécessairement offrir des détails macabres ou des rebondissements à toutes les pages et si celui-ci commence en douceur, la fin est particulièrement intéressante et surprenante. Le suspense est en outre assuré par les ruptures temporelles, le récit oscillant entre les jours précédant la disparition et le présent,  « la nuit où tout changea pour toujours », deux mois plus tard.

     

    Une réflexion hélas réaliste sur notre société, prompte à clouer au pilori ceux qui lui sont désignés par les médias, et une lecture agréable qui fera sans nul doute un très bon film.


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  • The Girlfriend

    Petits et grands mensonges ****

    Le moment où votre fils chéri vous présente sa dulcinée est toujours délicat, les relations belle-mère/belle-fille pouvant aisément virer au cauchemar. Bien qu’un peu surprise par la rencontre de Daniel avec Cherry, employée d’une agence immobilière, et par l’évolution rapide de leur relation, Laura Cavendish est cependant disposée à faire preuve de bonne volonté et à accueillir la jeune femme.

    Cherry ne souhaite qu’une chose quant à elle : être reçue à bras ouverts dans cette nouvelle famille. Il faut dire que Daniel est non seulement charmant mais qu’il vient de terminer ses études de médecine et est l’unique héritier d’une fortune familiale : le CV parfait, et la poule aux œufs d’or pour une jeune femme qui tente désespérément d’échapper à ses origines modestes et qui rêve de luxe et de villa dans le sud de la France. Laura ne peut cependant se défaire d’un sentiment de méfiance à l’égard de sa future belle-fille, qui n'hésite pas à faire des entorses à la vérité, et la tension entre les deux femmes ira dès lors crescendo, jusqu’au terrible, impardonnable mensonge qui rendra toute réconciliation inconcevable…

    « The Girlfriend » est un thriller psychologique très agréable à lire, un véritable « page-turner » sans temps mort. J’ai notamment apprécié la manière dont les deux personnages féminins sont présentés : bien qu’elles commettent toutes les deux des actes répréhensibles, voire horribles, certaines de leurs réactions, terriblement humaines, sont compréhensibles (par exemple l’indignation de Cherry de se voir rejetée d’un monde qui ne la juge pas à la hauteur ou la crainte de Laura de voir son fils manipulé et choisi pour son argent). Mes élans de sympathie et de désapprobation allaient dès lors tantôt à l’une, tantôt à l’autre, en fonction des actes commis (parfois totalement disproportionnés, il faut le dire) et des épreuves subies.

    Malgré une fin à la fois un peu abrupte et conventionnelle et quelques clichés, un premier roman réussi et un très bon moment de lecture, parfait pour les vacances…


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  • Friend RequestFriend RequestMessage d'outre-tombe ****

    Quoi de plus anodin, voire agréable, que de recevoir une demande d’ami sur Facebook ? Sauf bien sûr si l’amie qui vous contacte est morte depuis une vingtaine d’années… Plus inquiétante encore, cette demande, si vous n’avez pas eu un comportement très correct envers cette personne…

    Telle est la situation dans laquelle se retrouve Louise Williams, quadragénaire récemment séparée de son mari et maman d’un petit garçon. La requête de Maria Weston la plonge dans un passé qu’elle aurait voulu pouvoir oublier : celui de l’adolescence, lorsque le désir de plaire aux leaders et celui d’appartenir au groupe poussent parfois à des actes répréhensibles, de ceux que l’on regrette tout au long d’une vie… Le récit va dès lors alterner les événements du passé  -la dernière année de scolarité, celle où tout va basculer pour Maria Weston-  et ceux du présent  -les retrouvailles des élèves de 1989, avec cette fois un autre crime…

    « Friend Request » est un thriller psychologique que j’ai beaucoup aimé dans la mesure où il va au-delà du simple mystère policier  -par ailleurs très réussi, avec les énigmes et rebondissements de rigueur. En effet, Laura Marshall aborde avec une certaine finesse la notion de culpabilité  -celle de Louise est tangible tout au long du roman-, les dangers des réseaux sociaux, miroir de l'ego où chacun veut montrer au monde à quel point sa vie est réussie, et surtout la complexité des relations adolescentes : les mises à l’écart, les influences néfastes, les petites et grandes méchancetés qui ternissent la scolarité des plus faibles… jusqu’au drame. Pour cette raison, je pense qu’il convient également parfaitement à un public de jeunes adultes, qui y retrouvera vraisemblablement des mécanismes hélas bien connus dans le milieu scolaire.

    Un très bon premier roman qui plaira aux amateurs de suspense psychologique…


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  • Loin des mosquéesUn mariage et un enterrement *****

    Loin des mosquées et de la Turquie, Evren est un jeune Turc qui vit en Belgique et termine ses études de comptabilité en Allemagne. Hébergé chez son oncle, il y côtoie sa cousine Derya, dont la nudité aperçue par hasard l’affole au point de décider de la demander en mariage. Comme le veut la tradition, une délégation familiale se déplace en Allemagne mais hélas, Derya n’a pas l’intention d’épouser son cousin. Qu’à cela ne tienne, la famille d’Evren a une solution de rechange et lui sert sur un plateau la jeune Yasemin, qui n’a jusqu’alors connu que sa Turquie natale.

    « Loin des mosquées » est un roman qui allie gravité et légèreté. Gravité par les sujets abordés  -la condition effroyable de la femme « marchandise », parfois guère plus qu’une « chienne » aux yeux des hommes de son propre foyer-  et légèreté par ses touches d’humour absolument délicieuses.  Le récit d’Evren, de Derya et de Yasemin est en effet complété par celui de René, qui se retrouve bien malgré lui impliqué dans ces histoires de famille suite à un service rendu.

    Or, il faut savoir que René est croque-mort de son état, ce qui ne pouvait manquer, sous la plume d’Armel Job, de donner lieu à des réflexions pince-sans-rire et à des situations cocasses. Le ton est d’ailleurs donné dès le premier chapitre, puisque René est victime d’un accident de corbillard  -important pour la suite du récit-, alors que « en principe, un corbillard n’a jamais d’accident. < …> On n’imagine pas un corbillard prendre des risques sur la route » (en effet). Humour noir, aussi, mais toujours plein de tendresse, notamment lorsque René rend visite aux pensionnaires de la maison de retraite : « Forcément, le potentiel de clients est plus élevé dans une maison de retraite que dans une maternité  <…> J’ai vite compris qu’ils étaient surtout soulagés de constater que j’étais venu pour un autre <…> Je n’évoque jamais les relations professionnelles que nous pourrions avoir un jour.» 

    Mais cet humour ne laisse pas oublier une gravité sous-jacente ; ainsi peut-on lire à propos de la mort : « C’est l’enfance à l’envers. Oui, si on veut bien y penser, la mort n’est pas autre chose : on redevient un enfant, un être sans qualités, qui n’a en propre que sa faiblesse. L’enfant et le mort sont entièrement livrés aux autres. »

    Les relations Wallons-Flamands n’échappent pas non plus à l’humour grinçant de l’auteur belge. A propos des femmes que René séduit lors de ses vacances (et à qui il n’ose avouer son vrai métier, forcément, cela jetterait un froid) : «Depuis quelques années, j’ai un faible pour notaire : ça fait cossu, rassurant. Celles que je préfère, ce sont les Flamandes. On reste entre compatriotes. J’aime leur façon de parler. Le flamand est une langue vigoureuse, dans laquelle on ne peut pas minauder. Le mari est retenu par le business à Anvers ou à Gand. On ne dira jamais assez les bienfaits de la prospérité flamande pour nous autres Wallons. »

    Ces quelques exemples vous donnent une idée de l’atmosphère générale de « Loin des mosquées » : l’intrigue et le thème auraient pu être pesants mais le style enjoué et parfois décalé, sans rien ôter à la tristesse des situations vécues, en fait une lecture très plaisante que je vous recommande sans hésiter.

    Du même auteur:

    Et je serai toujours avec toi

    Helena Vannek

    Les fausses innocences

    Tu ne jugeras point


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  • Danser dans la poussièrePeu exaltant ***

    Parution en français: 21 septembre 2017

    Fan de Thomas H. Cook depuis la découverte du touchant "Breakheart Hill", je dois cependant dire que cette fois, je n'ai pas été séduite par "A Dancer in the Dust". Bien que l'on reconnaisse la qualité d'écriture et la profondeur habituelles de l'auteur, il n'a pas réussi à m'emmener dans son univers. L'histoire se déroule en partie à New York et en partie en Afrique, avec des flash-backs parfois un peu déroutants, et relate les tragédies qui se sont déroulées au Lubanda, les luttes intestines et les immondes actes de violence y perpétrés servant de toile de fond à un amour désespéré qui hante toujours le narrateur.


    Il est difficile de faire un commentaire sur ce livre dans la mesure où je lui reconnais objectivement des qualités (évocation de la terre africaine, réflexion sur l'aide humanitaire et son aspect paternaliste, tristesse des amours impossibles) mais où je n'en ai pas apprécié la lecture, restant spectatrice et n'ayant que rarement le sentiment d'être impliquée, ceci étant sans doute dû au fait que le thème principal ne me passionnait pas. Si ce roman était le premier que je lis de Thomas H. Cook, il ne me donnerait pas envie d'en lire d'autres, alors que dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé tous ses autres livres. Auteur à découvrir donc si vous ne le connaissez pas, mais peut-être pas par le biais de ce "Dancer in the Dust"... D'autres idées ci-dessous smile

    Du même auteur: 

    Dernière conversation avec Lola Faye

    La vérité sur Anna Klein

    L'étrange destin de Katherine Carr

     

     


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