• Loin des mosquées


    Loin des mosquéesUn mariage et un enterrement *****

    Loin des mosquées et de la Turquie, Evren est un jeune Turc qui vit en Belgique et termine ses études de comptabilité en Allemagne. Hébergé chez son oncle, il y côtoie sa cousine Derya, dont la nudité aperçue par hasard l’affole au point de décider de la demander en mariage. Comme le veut la tradition, une délégation familiale se déplace en Allemagne mais hélas, Derya n’a pas l’intention d’épouser son cousin. Qu’à cela ne tienne, la famille d’Evren a une solution de rechange et lui sert sur un plateau la jeune Yasemin, qui n’a jusqu’alors connu que sa Turquie natale.

    « Loin des mosquées » est un roman qui allie gravité et légèreté. Gravité par les sujets abordés  -la condition effroyable de la femme « marchandise », parfois guère plus qu’une « chienne » aux yeux des hommes de son propre foyer-  et légèreté par ses touches d’humour absolument délicieuses.  Le récit d’Evren, de Derya et de Yasemin est en effet complété par celui de René, qui se retrouve bien malgré lui impliqué dans ces histoires de famille suite à un service rendu.

    Or, il faut savoir que René est croque-mort de son état, ce qui ne pouvait manquer, sous la plume d’Armel Job, de donner lieu à des réflexions pince-sans-rire et à des situations cocasses. Le ton est d’ailleurs donné dès le premier chapitre, puisque René est victime d’un accident de corbillard  -important pour la suite du récit-, alors que « en principe, un corbillard n’a jamais d’accident. < …> On n’imagine pas un corbillard prendre des risques sur la route » (en effet). Humour noir, aussi, mais toujours plein de tendresse, notamment lorsque René rend visite aux pensionnaires de la maison de retraite : « Forcément, le potentiel de clients est plus élevé dans une maison de retraite que dans une maternité  <…> J’ai vite compris qu’ils étaient surtout soulagés de constater que j’étais venu pour un autre <…> Je n’évoque jamais les relations professionnelles que nous pourrions avoir un jour.» 

    Mais cet humour ne laisse pas oublier une gravité sous-jacente ; ainsi peut-on lire à propos de la mort : « C’est l’enfance à l’envers. Oui, si on veut bien y penser, la mort n’est pas autre chose : on redevient un enfant, un être sans qualités, qui n’a en propre que sa faiblesse. L’enfant et le mort sont entièrement livrés aux autres. »

    Les relations Wallons-Flamands n’échappent pas non plus à l’humour grinçant de l’auteur belge. A propos des femmes que René séduit lors de ses vacances (et à qui il n’ose avouer son vrai métier, forcément, cela jetterait un froid) : «Depuis quelques années, j’ai un faible pour notaire : ça fait cossu, rassurant. Celles que je préfère, ce sont les Flamandes. On reste entre compatriotes. J’aime leur façon de parler. Le flamand est une langue vigoureuse, dans laquelle on ne peut pas minauder. Le mari est retenu par le business à Anvers ou à Gand. On ne dira jamais assez les bienfaits de la prospérité flamande pour nous autres Wallons. »

    Ces quelques exemples vous donnent une idée de l’atmosphère générale de « Loin des mosquées » : l’intrigue et le thème auraient pu être pesants mais le style enjoué et parfois décalé, sans rien ôter à la tristesse des situations vécues, en fait une lecture très plaisante que je vous recommande sans hésiter.

    Du même auteur:

    Et je serai toujours avec toi

    Helena Vannek

    Les fausses innocences

    Tu ne jugeras point


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :