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    Les lieux infidèlesChez ces gens-là... ****

    ...il y a l'alcool, le chômage, la violence et leurs ravages, et puis il y a Rosie, qui est belle comme un soleil et qui, rêvant d'une autre vie, a décidé de s'enfuir avec son grand amour, Frank Mackey. Mais cette nuit-là, il y a vingt-deux ans, Frank a attendu et Rosie n'est jamais venue.

    Frank est maintenant devenu policier infiltré, il a reconstruit tant bien que mal sa vie loin de ce qui lui servait de famille mais n'a jamais oublié Rosie. Aussi revient-il sans hésiter sur les lieux sombres de sa jeunesse lorsque sa soeur l'appelle pour lui dire que l'on a retrouvé la valise de Rosie...

    « Les lieux infidèles » est un roman noir à la fois par son intrigue et par l'atmosphère dans laquelle il nous plonge, un quartier pauvre et populaire de Dublin. En tant que roman policier pur, je ne peux pas dire que le suspense soit insoutenable et les révélations fracassantes. Par contre, par certains aspects sociologiques et littéraires, Tana French m'a un peu fait penser à la grande Elizabeth George et ce sont ces côtés-là qui constituent l'intérêt du roman: les personnages et leur milieu glauque sont bien esquissés, avec quelques touches de tendresse dans la relation qu'entretient Frank avec son enfant, l'atmosphère irlandaise est bien évoquée et l'écriture plaisante.

    Peut-être pas le livre idéal pour les amateurs de polar pur, « Les lieux infidèles » serait plutôt une réflexion sur le poids accablant d'un milieu et d'une famille dysfonctionnels sur l'individu, avec comme trame une intrigue policière classique et bien menée.

     


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    Magnifique moment de lecture *****

    Deux soeurs, Erica et Beth Calcott, héritent de la demeure de leur grand-mère Meredith et reviennent sur les lieux où elles ont passé les étés de leur enfance avant qu'un drame terrible ne survienne. Entre souvenirs de jeunesse et douleurs actuelles, Erica revient doucement sur un passé de mystères et de non-dits couvrant quatre générations, à commencer par cette étrange photo de leur arrière-grand-mère, Caroline, posant avec un enfant qui n'apparaît nulle part dans l'arbre généalogique de la famille...

    "L'héritage" ("The Legacy") est une histoire très prenante, puisque dès le départ, le lecteur est intrigué par ces deux mystères distants de près d'un siècle. L'alternance entre passé et présent assure un suspense continu, l'auteur prenant soin de terminer chaque partie par un moment qui donne une terrible envie d'en savoir plus. L'écriture et l'intrigue sont de grande qualité, avec ce petit quelque chose en plus dans les événements et les personnages qui touche à des sentiments universels et viscéraux et ne peut donc laisser indifférent.

    A mi-chemin entre Barbara Vine et Kate Morton, Katherine Webb offre un excellent moment de lecture, au point que malgré la longueur du livre, on regrette de voir arriver la dernière page...


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    19 minutesIl faut qu'on parle de Peter ****

     

    19 minutes, c'est le temps qu'il a fallu à Peter Houghton pour semer la mort et la désolation dans son école. 19 minutes, c'est ce que l'on retiendra de sa vie, alors qu'elle est composée des millions d'autres minutes qui peut-être expliquent un peu ce geste fou et désespéré...

    Je me suis demandé en entamant ce livre comment on pouvait écrire 600 pages sur un sujet hélas aussi ordinaire qu'une fusillade dans un lycée américain. C'est pourtant le défi qu'a relevé sans mal Jodi Picoult, "Nineteen minutes" étant un roman fluide qui se lit très aisément. Il a le mérite de déployer toutes les composantes humaines et psychologiques de la tragédie avec beaucoup de réalisme et une certaine complexité puisque le lecteur en sort avec des sentiments très partagés, sans aucun manichéisme dans la distinction victimes/bourreaux.

    Une réserve cependant, qui justifie que je ne mette que 4 étoiles: un rebondissement final qui n'était absolument pas nécessaire et qui à mon sens sonne faux dans un récit jusqu'alors très authentique.

    "Nineteen minutes" rappelle inévitablement l'excellent "We need to talk about Kevin" ("Il faut qu'on parle de Kevin") de Lionel Shriver -encore un cran au-dessus selon moi. Fait divers élevé au rang de roman, ce n'est pas une oeuvre littéraire grandiose mais il nous plonge de façon efficace et nuancée dans l'univers adolescent, avec ses failles et ses aspérités, et met en lumière les souffrances juvéniles ainsi que la culpabilité parentale. Un livre facile à lire malgré sa longueur et sans doute plus profond qu'il n'en a l'air de prime abord par les réflexions qu'il suscite.


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    L'instinct maternelDéception  *

    J'ai entamé "L'instinct maternel" de Barbara Abel avec un a priori d'autant plus favorable que j'avais bien aimé "Derrière la haine" et "Après la fin" et que celui-ci avait en outre obtenu le prix du festival de Cognac. L'histoire semblait pourtant prometteuse: une bourgeoise enlisée dans un mariage sans amour se révèle prête à tout pour protéger son patrimoine et sa façade sociale, ces derniers dépendant, en raison d'un testament misogyne, de la naissance d'un héritier mâle et de la disparition opportune d'une jeune personne indésirable.
    Je n'en dis pas plus au cas où vous souhaiteriez suivre les aventures (tordues) de Jeanne mais je précise que pour ma part, je n'ai pas vraiment réussi à entrer dans l'histoire, ayant malgré tout poursuivi ma lecture par curiosité mais sans beaucoup de plaisir. Si je peux être séduite par une intrigue pleine d'originalité et d'imagination (comme ce fut le cas pour les deux autres romans de Barbara Abel susmentionnés), tel n'est pas le cas ici: l'histoire est par trop alambiquée et peu plausible et certains développements frisent le grotesque. Même si l'on a l'habitude de rencontrer des êtres un peu à l'ouest dans les romans policiers, la psychologie du personnage principal est forcée et caricaturale au point de ne pas être crédible du tout.
    Vous aurez compris que je ne recommande pas "L'instinct maternel" mais il serait prématuré de jeter Barbara Abel aux oubliettes sur la base de ce roman compte tenu des autres livres très plaisants qu'elle a écrits et qui vous offriront de bons moments de lecture.


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    Oliver ou la fabrique d'un manipulateurTrès bon premier roman *****

    Les premières phrases de ce roman nous frappent tel un coup de poing : "I expected more of a reaction the first time I hit her. She just lay on the floor holding her jaw. Staring at me. Silent. She didn't even seem to be surprised.".

    L'on pourrait s'attendre à une histoire de violence conjugale mais "Unravelling Oliver" ne se limite pas au terrible drame que vit Alice. Au fil des narrations de divers protagonistes, c'est la personnalité d'Oliver Ryan, auteur à succès de livres pour enfants, qui se dessine: un homme complexe, tantôt monstre, tantôt martyre, qui ne laisse pas indifférent. Le récit est prenant, le lecteur n'ayant de cesse de savoir comment on en est arrivé à l'effroyable scène d'ouverture, avec en outre des références mystérieuses à un dramatique été 1973. Les différents témoignages des amis et connaissances d'Oliver se rejoignent pour un récit marqué de faits âpres et de douleurs viscérales touchant à la paternité, la maternité, au besoin d'amour et de reconnaissance.

    Je l'ai lu en anglais et ne peux donc me prononcer sur le style en français mais le titre anglais me semble correspondre davantage au roman, restituant mieux l'idée de la révélation progressive d'une personnalité énigmatique.

    Un premier roman impressionnant que je vous recommande vivement si vous aimez le suspense psychologique.


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