• Auschwitz Lullaby« I believed we were immortal. My parents had always told me our names were in God’s memory for all time. But the Nazis wanted to erase us from the face of the earth and leave us forever in the limbo of the unborn. » *****

    Mario Escobar écrit en préface que « Auschwitz Lullaby » a été le livre le plus difficile à écrire de toute sa carrière et l’on n’a aucune peine à le croire en refermant ce livre. De nombreux romans ont pour thème l’Holocauste mais les plus émouvants sont sans doute ceux que l’on sait basés sur des personnages ayant réellement existé.

    C’est le cas d’Helene Hannemann, personnage principal de ce roman. Helene est aryenne mais son mariage avec un tsigane lui vaut d’être déportée à Auschwitz avec leurs cinq enfants. Son statut d’infirmière lui vaut d’être un peu moins mal lotie que les autres prisonniers et d’être chargée par le sinistre Mengele de s’occuper d’une nursery au sein du camp. Elle y voit l’occasion d’apporter un peu d’espoir dans cet enfer sur terre et se dévoue entièrement à sa nouvelle tâche, essayant de faire oublier aux enfants leurs conditions de vie épouvantables et ne réalisant pas immédiatement la nature monstrueuse de Mengele et de ses expériences.

    « Auschwitz Lullaby » est un roman particulièrement émouvant qui apporte un éclairage sur une partie de la vie des camps que je ne connaissais pas malgré de nombreuses lectures sur le sujet. Helene est une femme bouleversante, incarnation de la force féminine et de l’amour maternel au milieu de l’enfer créé par les hommes, à l’image de ce titre coup de poing unissant deux mots qui ne pourraient être plus antinomiques.

    Une lecture forte que l’on termine avec un mélange de tristesse, d'admiration, de regrets et de rage face à tant de dévastation.

    NB. Au moment de la rédaction de cette chronique, le roman n’a pas encore été traduit en français mais vu son succès international, cela ne saurait tarder.

     

    Vous aimerez peut-être:

    Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele

    Heather Morris, Le tatoueur d'Auschwitz

    Sébastien Spitzer, Ces rêves qu'on piétine

     


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  • Ce qu'il nous reste de Julie« Qu'est-ce qu'un roman, sinon une part de soi que l'on accepte de dévoiler et d'abandonner ensuite? Nous la livrons à des inconnus en leur disant : voilà qui je suis à cet instant. Et quelquefois, quelqu'un comprend ce message... Qu'y a-t-il de plus beau ?» ****

    On ne sait pas quelle part de lui-même Sébastien Didier a révélée dans ce roman mais quoi qu’il en soit, « Ce qu’il nous reste de Julie » est une vraie réussite.

    Le narrateur s’appelle Sébastien, il est écrivain et il revient dans son village du sud de la France vingt ans après l’avoir quitté. La raison de son retour est la même que celle de son départ : Julie, son amie et son amour de jeunesse, assassinée à l’époque par un tueur en série. Car le hasard d’une visite dans une librairie de Bordeaux place entre les mains de Sébastien un roman à succès, « Le temps d’un été », écrit par une mystérieuse Anglaise qui garde jalousement le secret de son identité : un best-seller qui, curieusement, présente tellement de points communs avec Julie, son environnement et son histoire que cela ne peut être une coïncidence…

    Ce roman addictif a de multiples qualités qui font souvent défaut aux best-sellers actuels, propulsés en tête des ventes par le seul nom de l’auteur indépendamment de leur contenu (non, je ne donnerai pas de noms J). L’écriture est très agréable et l’auteur est soucieux de créer une atmosphère, ne se contentant pas de raconter les faits bruts mais s’attardant sur les personnages et les sentiments. L’intrigue est très bien conçue, permettant de nombreuses hypothèses au cours de la lecture, avec une résolution plausible et satisfaisante. Cerise sur la gâteau, un livre (« Le temps d’un été ») dans le livre, avec un hommage appuyé à la grande Agatha Christie.

    Vous aurez compris que « Ce qu’il nous reste de Julie » est un roman que je vous conseille vivement d’emporter dans vos bagages cet été si vous aimez les bons romans policiers J


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  • Célestine« Naître après le décès de ses parents… Vous n’allez quand même pas m’dire que c’est la façon d’faire du commun des mortels ! » ****

    Effectivement, si l’on considère qu’elle est venue monde grâce à une césarienne pratiquée en urgence par un vétérinaire local lors de l’accident de voiture de ses parents, on peut affirmer raisonnablement que les débuts de Célestine dans le monde sont à tout le moins inhabituels et peu enviables. Heureusement, la suite est moins dramatique : Célestine est recueillie par de lointains parents dans un petit village français et sa beauté et son intelligence semblent la promettre à un bel avenir. Comment expliquer dès lors que Célestine se retrouve dix-sept ans plus tard devant la Cour d’assises pour mineurs ?

    Au fil du roman, le lecteur suit le parcours de l’enfant, puis de la jeune fille, avec en toile de fond le contexte social et audiovisuel de l’époque. Célestine est une héroïne forte et fragile à la fois, attachante, et tout au long de l’histoire, cette question lancinante : qu’a-t-il bien pu se passer pour que tout bascule ?

    La découverte de ce roman, reçu en service presse, est une agréable surprise. Je ne savais pas à quoi m’attendre et il ne m’a fallu que quelques heures pour lire cette histoire courte mais dense. Une tranche de vie qui aurait pu être banale, dans un petit village des plus ordinaires, avec des êtres qui le sont tout autant, mais ce serait oublier les noirceurs et les pulsions de l’âme humaine…

    La fin nous prend par surprise et à titre personnel, je l’aurais aimée moins abrupte et plus développée. Cela dit, ce côté abrupt sert le propos et il s’agit donc d’une réserve purement subjective.

    L’écriture de Sophie Wouters est à la fois agréable, vive et spirituelle, avec çà et là quelques touches d’humour cynique comme je les aime. Je terminerai par une comparaison élogieuse qui ne m’a pas quittée tout au long de ma lecture : je n’aurais nullement été surprise d’apprendre que « Célestine » avait été écrit par notre compatriote Armel Job, tant au niveau de la forme que du fond. Un bon premier roman et un auteur à découvrir J 


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    Le pouvoir des animaux« Depuis que vous avez pris le pouvoir sur toutes les formes de vie qui étaient là avant vous, il semble que vous ayez privilégié la destruction à l’harmonie, le conflit à la symbiose, le conformisme à la diversité. Vous appelez ça l’évolution. »
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    Dans son roman « Le pouvoir des animaux », Didier van Cauwelaert donne la parole à deux personnages très particuliers : un tardigrade (minuscule créature immortelle) et un mammouth de Sibérie, dont la réintroduction pourrait sauver la planète en protégeant le permafrost. Ces deux créatures font l’objet des recherches de deux scientifiques, Wendy et Franck, respectivement biologiste et généticien.

    J’ai un sentiment partagé après la lecture de ce livre, à savoir qu’en schématisant, j’ai aimé le fond mais pas la forme. En effet, le propos et sa vulgarisation scientifique sont intéressants et rappellent l’urgence à laquelle nous sommes confrontés ; je partage en outre l’avis de l’auteur quant à l’absence de symbiose entre l’homme et son environnement, alors que les animaux sont bien davantage en harmonie avec leur milieu de vie. Une piqûre de rappel n’est jamais superflue compte tenu de la gravité de la situation et de la manière dont nous traitons le règne animal.

    Je suis beaucoup plus réservée sur la forme donnée à l’histoire, avec l’impression d’être restée en surface d’un récit qui méritait à mon sens une autre finition. Le roman est très (trop ?) court et les personnages peu développés, avec en outre une romance prévisible qui n’apporte rien à l’histoire. Je pense que je l’aurais davantage apprécié à l’adolescence mais en tant qu’adulte plus exigeante, j’aurais aimé plus de densité, de réflexions, de contexte et d’arrière-fond littéraire.

    Ceci n’est que mon avis très personnel et beaucoup de lecteurs ont apprécié ce livre… à vous de vous forger votre propre opinion J 

    Je remercie le service presse de l’auteur pour l’envoi de ce roman en échange d’une critique honnête.

     


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  • Comprenne qui voudra« Maintenant que le meurtre rituel est accompli, cette affreuse affaire va devenir un beau drame humain, lourd des tristesses de la destinée. <…> Et demain, aujourd’hui peut-être, laissant le dénouement à la littérature, l’appareil judiciaire va reprendre imperturbablement son aveugle besogne, avec le concours de son bourreau borgne, l’opinion publique. » ****

    Cet extrait du billet de Robert Escarpit dans le Monde, cité dans le roman, résume parfaitement le propos du livre. Le drame qui l’a inspiré est devenu célèbre notamment grâce à la chanson d’Aznavour « Mourir d’aimer » et au film d’André Cayatte du même nom : l’amour interdit entre une enseignante de trente-deux ans, Gabrielle Russier, et l’un de ses élèves âgé de seize ans. On est en mai 1968, un vent de liberté semble souffler sur la France, et pourtant…

    Gabrielle est divorcée, mère de deux enfants, et son amour pour le jeune Christian la place au ban d’une société aux jugements de valeur implacables. Les parents de Christian font fi de leurs idées progressistes et portent plainte pour détournement de mineur. Gabrielle est incarcérée et après une longue descente aux enfers, elle met fin à ses jours en 1969.

    « Comprenne qui voudra » tient davantage du compte-rendu journalistique que du roman : l’auteur a rassemblé divers témoignages et sources pour un récit qui, à défaut d’être objectif, reste factuel. A  titre tout à fait personnel, j’aurais préféré une construction plus littéraire et plus développée (avec par exemple les points de vue des différents protagonistes) mais il n’empêche que j’ai lu le livre presque d’une traite et qu’il n’a pas manqué de m’émouvoir.

    A défaut d’avoir un souffle romanesque, cette histoire tragique d’un amour condamné par la loi et par la société bien-pensante ouvre la voie à une réflexion sur la notion de justice, sur l’évolution des mœurs et sur le poids de l’opinion publique dans des affaires aussi personnelles et privées. Elle fait revivre également, le temps de quelques pages, une jeune femme passionnée « dont le seul tort fut d’avoir confondu la littérature et la vie et d’avoir été, à sa manière, « l’Etrangère », comme le Meursault de Camus qu’elle aimait tant. »

     


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