• Une femme que j'aimais

    Une femme que j'aimais

    «La beauté d’Adrienne était bienveillante. Peut-être avait-elle plus d’assurance dans sa jeunesse, avant que quelque chose ne la rende modeste. Des expériences douloureuses, ce que les gens comme moi, qui n’ont jamais beaucoup souffert, appellent révérencieusement le creuset de la souffrance.»  ****

    Claude éprouve une tendre fascination pour sa tante Adrienne, à qui il a pris l’habitude de rendre visite chaque samedi.  Une fascination telle que de son propre aveu, il aurait peut-être été préférable qu’il ne la revoie pas : «aux femmes que j’ai connues ensuite, je n’aurais pas opposé l’image d’Adrienne, objet de ma vénération et de mes remords, qui a rendu toutes mes amours lamentables.»

    Pourtant, lorsqu’Adrienne tente de lui faire part d’un lourd secret, Claude n’est pas prêt à l’entendre et il choisit de se dérober à la confidence. Mal lui en prend car Adrienne est retrouvée morte dans sa villa quelques semaines plus tard et l’imagination de Claude a tôt fait de trouver les circonstances suspectes. La mort est considérée comme naturelle ? Qu’à cela ne tienne, l’aide-pharmacien se fait Hercule Poirot et commence à enquêter sur le passé de sa tante… qu’il semble n’avoir pas aussi bien connue qu’il le pensait.

    «Une femme que j’aimais» est un roman très agréable à lire, le lecteur suivant le narrateur pas à pas au fil de sa quête d’Adrienne. De sentiments nobles en bassesses ordinaires, de fausses pistes en douleurs intimes, il découvre avec lui une femme séduisante et mystérieuse, qui se souvient encore de la poésie de Verlaine et qui, sur la plage, scrute l’horizon et hume l’air marin dans une «attitude sauvage, presque animale».

    L’histoire est bien sûr mélancolique, vous l’aurez compris, mais non dépourvue d’humour malgré tout, Armel Job distillant çà et là des expressions savoureuses qui m’ont fait (sou)rire plus d’une fois. A titre d’exemple, l’impression du narrateur, enfant, lorsqu’il accompagne sa mère au salon de coiffure, d'être «un petit eunuque dans un hammam», ou encore cet éloge surréaliste des frites mangées sur le trottoir : «A présent que je reprenais goût à la vie,  cependant, le goût des frites me revenait conjointement. <…> Les déprimés, les élégants, les prétentieux  -toutes personnes qui grignotent la vie du bout des dents- ne mangeront jamais de frites sur le trottoir. Il n’y a que les optimistes pour se livrer à cette manducation jubilatoire. La frite est à l’homme libre ce que l’hostie est au dévot.»

    Et si la couleur locale est celle du Borinage, cela n’empêche pas l’auteur de faire un clin d’œil aux Liégeois : «Il s’est incliné avec la formule : «Monsieur m’en dira tant…» qui, assaisonnée à l’accent liégeois, devenait presque : «Monsieur maudira tant…»

    Un émouvant portrait de femme, une écriture fluide, des tranches de vie ordinaires et des tragédies qui le sont moins : une belle lecture que je vous recommande sans hésiter.

    Je remercie monsieur Armel Job d’avoir eu la délicate attention de me faire parvenir ce roman en avant-première.

     

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