• M, le bord de l'abîmeBlack mirror ****

    Grande fan de Bernard Minier et des aventures de Martin Servaz, j’appréhendais un peu ce nouveau roman, annoncé comme complètement différent et centré sur les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle… soit précisément tout ce à quoi mon esprit littéraire est plutôt fermé. Je me suis pourtant une nouvelle fois laissé embarquer dans un récit prenant qui donne froid dans le dos et qui démontre en outre l’inventivité de l’auteur et sa capacité à se renouveler.

    L’histoire en quelques mots… Moïra Chevalier, jeune femme brillante employée dans les nouvelles technologies, s’expatrie à Hong Kong, où elle a été engagée par la société Ming pour travailler sur le projet DEUS, un logiciel d’intelligence artificielle auquel elle est censée apporter des améliorations plus «humaines». Elle pénètre ainsi dans un monde où tout est contrôlé, informatisé, par un géant dont les intentions sont loin d’être louables…

    Mais dans cet univers 2.0, il n’y a plus grand-chose d’humain et le lecteur a très vite l’impression de plonger dans un abîme vertigineux. L’atmosphère est lourde et oppressante, très bien décrite comme toujours chez Bernard Minier, et le devient encore plus lorsque la police établit un lien entre des meurtres sordides : des jeunes femmes assassinées après une longue séance de torture (âmes sensibles s’abstenir…), qui ont toutes eu un lien étroit avec la société Ming.

    L’intérêt de ce roman est double: d’une part l’intrigue classique du serial killer (un «whodunnit» qui tient en haleine avec plusieurs fausses pistes) et d’autre part  –et c’est ce que l’on retiendra, je pense–  une mise en garde contre l’évolution technologique de notre société et la déshumanisation qui l'accompagne et que nous refusons naïvement de reconnaître. La bibliographie en fin d’ouvrage est d’autant plus impressionnante qu’elle nous démontre que ce cauchemar n’est pas sorti de l’imagination pourtant très glauque de Bernard Minier mais qu’il est basé sur une solide documentation. Si l’on peut lire avec une certaine distance l’histoire fictive d’un tueur en série, il n’en va pas de même pour le contexte de ce roman, qui nous offre un miroir angoissant d’une évolution que nous ne contrôlons plus.

     

    Je remercie les éditions XO et Bernard Minier pour l’envoi de ce roman en échange d’une critique honnête.


     

     


     

     


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  • Tout ce que nous allons savoirParution: 3 avril 2019  ***

    Je tiens tout d’abord à remercier Babelio et les éditions Albin Michel de m’avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre de «Masse critique». 

    « Tout ce que nous allons savoir » commence par un chapitre intitulé « Douzième semaine » : la narratrice, Melody, est enceinte et le roman va se construire au fil de sa grossesse. Cette dernière a cependant plusieurs particularités, puisque d’une part, Melody est trentenaire et que le père de son enfant est un jeune homme de dix-sept ans, et que d’autre part, elle commence son récit de manière à tout le moins interpellante : « Je me serais tuée depuis longtemps si j’en avais eu le courage. Je ne crois pas que le bébé souffrirait. Son petit cœur arrêterait de battre avec le mien. Il ne se sentirait pas quitter un monde de ténèbres pour un autre, lorsque son esprit se désenlacerait de moi. »

    Melody revient alors sur les démons qui la torturent, dans un récit sombre et introspectif : son couple qui vient de voler en éclats et le processus destructeur dans lequel ils étaient engagés, et aussi son amie d’enfance, Breedie, qu’elle a trahie de manière impardonnable. Jusqu’à ce qu’elle retourne au campement des gens du voyage  –dont provient le père de son enfant– et y rencontre une jeune femme laissée pour compte, Mary Crothery…

    Je suis un peu partagée quant à ce roman, d’où les trois étoiles. D’une part, il faut souligner une grande qualité d’écriture et un incontestable talent de la part de l’auteur mais d’autre part, je dois reconnaître que je n’ai pas été captivée par l’histoire. Le personnage de Melody n’est guère attachant et par ailleurs, j’ai lu ce roman de manière très morcelée, ce qui m’a peut-être empêchée de m’y immerger comme il l’aurait mérité.

    Que ceci ne vous dissuade surtout pas de le lire, la plupart des critiques de la version originale sont excellentes et c’est probablement moi qui ne lui rends pas justice.

     


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  • J'ai dû rêver trop fort"Les plus belles histoires d'amour ne meurent jamais. 
    Elles continuent de vivre dans nos souvenirs et les coïncidences cruelles que notre esprit invente." ***

    Nathalie est une hôtesse de l’air de cinquante-trois ans, mariée et mère de famille, et mène une existence en apparence calme et rangée. Il y a vingt ans, Nathalie a vécu une histoire d’amour qui ne l’a pas laissée indemne : une relation passionnée, entre Montréal, San Diego, Barcelone et Jakarta, avec un jeune guitariste, Ylian. Mais ils ont eu beau faire le serment de ne jamais se revoir, le hasard semble jouer un tour cruel à Nathalie : même enchaînement de destinations, même équipe dans l’avion, les coïncidences n’en finissent pas de s’accumuler, comme si 2019 venait soudain de se fondre avec 1999. Et bien sûr, Nathalie n’a pas oublié Ylian ; quand bien même elle l’aurait voulu, cela aurait été impossible, le lecteur comprendra pourquoi…

    Depuis la découverte de «Un avion sans elle», j’ai lu pratiquement tous les romans de Michel Bussi et je me réjouis toujours de la sortie de l’un d’entre eux. Je ressors cette fois de ma lecture avec un sentiment un peu mitigé et vais tâcher d’expliquer pourquoi.

    Les points positifs tout d’abord : l’auteur a une imagination sans faille, de solides connaissances géographiques, et il nous offre une fois de plus une histoire originale, en partie histoire d’amour et en partie thriller machiavélique. Les pages se tournent très vite, on a envie d’en savoir plus et Michel Bussi parvient à offrir une explication cohérente sans avoir recours à un deus ex machina surnaturel. Quelques références musicales et cinématographiques de qualité («La vie est belle», «Sur la route de Madison») viennent en outre agrémenter l’ensemble.

    Ce que j’ai moins apprécié ? D’une part, l’inégalité du style (certains passages sont très bien écrits, d’autres le sont par contre nettement moins, avec un peu trop d’emphase et de points d’exclamation à mon goût) et d’autre part, certaines invraisemblances qui rendent l’ensemble peu crédible et parfois un peu caricatural.

    J’ai gardé un meilleur souvenir des «Nymphéas noirs» et de «Un avion sans elle» mais il ne s’agit peut-être que d’une récidive de mon syndrome  «Joël Dicker» (dont j’ai adoré Québert et détesté Stéphanie Mailer). Mais c’est peut-être moi qui deviens la Tatie Danielle des blogueuses littéraires et je suis certaine que le nouveau Bussi plaira à un grand nombre. A vous de vous forger votre propre opinion… J 

    Du même auteur:

    Rien ne t'efface

     


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