• Nuit

     

    NuitJubilatoire *****

    Le terme est peut-être inopportun compte tenu des noirceurs de l’âme humaine omniprésentes dans ce roman mais quel plaisir ce fut de lire un polar de cette qualité !

    « Nuit » est le quatrième roman de Bernard Minier qui met en scène le commandant Servaz, après « Glacé », « Le cercle » et « N’éteins pas la lumière » ; il est vivement conseillé de les lire dans l’ordre, d’une part pour mieux  comprendre les événements et d’autre part pour éviter de « spoiler » les premiers si vous décidiez de les lire par après.

    Après un prélude angoissant dans un train de nuit, le récit commence par la mise en scène macabre d’un meurtre en Norvège, celui d’une jeune femme travaillant sur une plate-forme pétrolière. La policière norvégienne Kirsten Nigaard est dépêchée sur les lieux et un suspect –un travailleur manquant à l’appel-  est rapidement identifié. Dans sa cabine, les enquêteurs trouvent des photos sur lesquelles figurent d’une part un petit garçon blond (« Gustav ») et d’autre part,  le policier français Martin Servaz. Ce dernier a fait apparemment l’objet d’une étroite surveillance de la part du meurtrier présumé… le psychopathe Julian Hirtmann, assassin multirécidiviste qui nous avait fait frémir dans les opus précédents. Après cette entrée en matière saisissante, Bernard Minier nous emmène dans une intrigue diaboliquement captivante, riche en péripéties et en rebondissements.

    En me renseignant sur le livre et en apprenant qu’il s’agissait d’un face-à-face entre Servaz et Hirtmann, je craignais que l’auteur ne verse dans la facilité en se reposant sur les lauriers de ses premiers écrits. Tel n’est absolument pas le cas : le récit m’a passionnée jusqu’au bout, j’ai été surprise plus d’une fois (ce qui n’est plus si fréquent lorsqu’on lit beaucoup de romans policiers) et j’ai admiré l’ingéniosité grâce à laquelle tous les faits s’enchaînaient et se recoupaient. Quant à la fin, elle nous donne tout simplement envie de supplier l’auteur de se remettre très vite au travail smile.

    Par ailleurs, contrairement à certains auteurs qui se contentent de relater des faits, Bernard Minier a un talent particulier pour créer une atmosphère, que ce soient la menace latente dans un train de nuit, une plate-forme pétrolière battue par les vents, l’ambiance sinistre d’un asile psychiatrique désaffecté ou encore un huis-clos oppressant dans un refuge de montagne. La montagne et la neige sont omniprésentes en filigrane de ce roman et contribuent à donner aux scènes et aux événements un cachet particulier : « Cependant, il n’y avait personne à des kilomètres à la ronde pour l’entendre. Seule l’indifférence plurimillénaire des montagnes. Le vent violent chassait les nuages et, dans leurs déchirures, les étoiles jetaient sur eux leur regard immémorial. La lune semblait voguer à toute vitesse entre les nuages, comme un navire entre les écueils, alors que c’était eux qui se déplaçaient devant elle. »

    Si vous cherchez l’alliance parfaite entre une intrigue foisonnante et un style littéraire soigné, n’hésitez pas et enfoncez-vous dans cette « Nuit » qui est peut-être le meilleur Minier à ce jour.

     

     

    Du même auteur:

    N'éteins pas la lumière

    Soeurs

     

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 8 Mars 2017 à 19:33

    Bonjour Pascale,

    Je me posais justement la question à laquelle vous répondez dès le départ. Faut-il commencer par glacé ? Ou pouvons-nous prendre directement par Nuit.

    Merci pour cet article.

    J'ai découvert votre blog grâce à un de vos avis sur Amazon sur Laurent Loison.

    Bonne journée

     

    Anne-Sophie

    2
    Jeudi 9 Mars 2017 à 16:41

    Merci pour votre commentaire smile En effet, il y a dans "Nuit" des révélations sur les événements passés qui vous empêcheraient de profiter pleinement des précédents... J'ai par contre moins aimé "Une putain d'histoire", du même auteur, mais qui ne met pas en scène le commandant Servaz. 

    Bonnes lectures smile

    Pascale

    3
    Marc
    Lundi 26 Mars 2018 à 13:28

    Bonjour Pascale,

    D'accord!

    Le seul "mais" est que je ne vois pas l'intérêt de l EMI de Martin qui provoque un soi-disant changement de personnalité. 

    Bonne journée

    Marc

      • Lundi 26 Mars 2018 à 17:22

        Bonjour Marc ;-)  J'avoue ne plus trop me souvenir de cet aspect du roman... A noter que le nouveau Minier va sortir ce 5 avril smile Chronique suivra bientôt... Bonne soirée !

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