• Récidive

    Récidive

    Un polar qui fleure bon la côte bretonne *****

    A force de voir défiler « Récidive » dans les groupes de lecture, accompagné de commentaires très positifs, j’ai cédé à la curiosité et j’ai donc entamé ce troisième roman de Sonja Delzongle, auteur que je ne connaissais pas, avec l’éventualité que je lèverais les yeux au ciel après quelques pages en me demandant comment on pouvait appeler cela de la littérature et en me sentant fort seule  -cela m’est déjà arrivé, je ne citerai pas de noms smile

    Tel ne fut pas le cas ici et « Récidive » a été une très agréable surprise. Ce roman noir met en scène la profileuse Hanah Baxter, un personnage attachant fragilisé par le drame terrible qu’elle a vécu enfant : son père, Erwan Kardec, a tué sa mère à mains nues. Le crime aurait été parfait si quelques années plus tard, Hanah ne s’était décidée à témoigner contre son père, envoyant ce dernier derrière les barreaux pour trente ans. Mais l’état de santé d’Erwan Kardec lui permet d’obtenir une libération anticipée et il revient à Saint-Malo consumé par la haine envers celle qui lui a volé vingt-cinq ans de sa vie, le désir de se venger comme seule raison de vivre. Hanah exerce quant à elle son métier de profileuse à New York et l’annonce de la libération de son père l’angoisse, d’autant plus qu’elle reçoit d’étranges coups de fil anonymes…

    Sur cette trame relativement classique qui évolue inexorablement vers une confrontation père-fille, Sonja Delzongle a construit un roman riche en atmosphère et en rebondissements, d’autres histoires venant se greffer sur l’intrigue principale  -un condamné dans le couloir de la mort, une mystérieuse blessure d’enfance de Hanah qui ne se manifeste que maintenant, la disparition d’une famille britannique. Le récit d’un naufrage, en 1905, au large des côtes de Saint-Malo, campe d’emblée la mer comme motif récurrent et les premières pages sont à la fois captivantes et tragiques, voire poétiques : «L’aube se lève enfin sur une mer calme et neuve, dans l’indifférence d’un soleil pâlot, comme si rien ne s’était passé. Une bruine froide balaie les rochers où s’accrochent encore les restes de l’épave déchiquetée. Joyce fixe le ciel de ses yeux grand ouverts que recouvre une fine membrane blanche, son visage a pris les teintes grisâtres de l’eau devenue son linceul. Le petit corps flotte à la surface, tel un tronc mort. Non loin, le cadavre de sa mère et celui de son frère dérivent en silence. »

    Le rapport entre ce naufrage vieux de plus d’un siècle et le présent sera progressivement révélé, tout comme d’autres événements inexpliqués de différentes époques. Sonja Delzongle nous fait voyager des « étoiles <…> trompeuses, envoûtantes et vides » de Big Apple à la côte bretonne battue par les vents, au fil d’un récit policier qui a le mérite de soulever, outre les thèmes habituels de la vengeance ou de la cupidité, d’autres plus délicats tels l’homophobie ou les déchirures de l’enfance. Une vraie réussite et un auteur à suivre.


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