• Les hirondelles de Kaboul

     

    Les hirondelles de Kaboul«Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières. Les prières s’émiettent dans la furie des mitrailles, les loups hurlent chaque soir à la mort, et le vent, lorsqu’il se lève, livre la complainte des mendiants au croassement des corbeaux.  <…> La ruine des remparts a atteint les âmes.» *****

    «Les hirondelles de Kaboul» est un roman court  –je l’ai lu en une soirée– mais d’une intensité terrifiante. Servi par une écriture riche, magnifique et poétique, Yasmina Khadra nous plonge dans l’enfer de Kaboul au quotidien et dans la réalité brute de vies qui n’en sont plus.

    Le lecteur partage quelques jours de l’existence de quatre personnages: le geôlier Atiq et sa femme Mussarat, gravement malade, Mohsen et sa jolie épouse, Zunaira, ancienne avocate féministe désormais grillagée. Leurs destins se croisent dans une ville qui a perdu toute joie de vivre, dans laquelle le sourire est interdit et où les hommes ont même oublié à quoi ressemble un visage de femme.

    L’atmosphère étouffante et poussiéreuse de Kaboul est merveilleusement bien rendue («on dirait qu’un soupirail de l’enfer s’est entrebâillé dans le ciel»), écrasant aux sens propre et figuré les êtres qui tentent d’y (sur)vivre : exécutions publiques et répression violente sont le lot quotidien d’une «nation bafouée au point que la cravache est devenue une langue officielle». Au milieu de cette noirceur, une touche d’espoir cependant, un fragment de cette humanité que l’on croyait perdue…

    Un roman grave et lourd, d’autant plus émouvant qu’il prend racine dans une réalité tangible, et un style littéraire d’une grande beauté : une lecture difficile mais qui vaut le détour.

     


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