• Faut-il manger les animaux ?

     

    Incroyablement fort et extrêmement bouleversant *****

    Attention, chef-d'oeuvre... A priori souvent galvaudé, le terme me paraît pourtant adéquat dans la mesure où ce livre exerce un impact profond sur le lecteur et où en le refermant, j'ai dit à mes enfants: "Un jour, il faudra que vous lisiez ceci."

    La force de "Faut-il manger les animaux ?" ("Eating Animals") tient à la fois au talent de son auteur (romancier) et à sa façon de traiter un sujet sur lequel chacun a déjà plus ou moins son opinion. A aucun moment rébarbatif -je l'ai dévoré en un week-end-, toujours pertinent et intelligent, Jonathan Safran Foer ne verse jamais dans la démagogie ni le prosélytisme et nous livre le résultat d'une enquête qui a duré trois ans. Il donne la parole à des interlocuteurs très différents et nous laisse nous forger notre propre opinion grâce à un travail journalistique rigoureux. J'étais sensible au sujet, je connaissais déjà pas mal de choses et pourtant, j'en ai appris beaucoup d'autres et la réalité dépasse mon entendement.

    J.S. Foer lève le voile sur un système totalement abject et déshumanisé, où l'animal n'est qu'un produit destiné à l'enrichissement de personnes sans scrupules. Certaines pages sont littéralement insoutenables et moi qui détourne les yeux lorsque je vois un taureau dans une arène, je me suis forcée à les lire, pour garder les yeux ouverts sur une réalité que l'on ne peut pas ignorer, car si je n'irai jamais assister à une corrida, la consommation potentielle de produits animaux fait partie de la vie quotidienne.

    A ceux qui seraient moins sensibles que moi à la souffrance animale, je préciserai simplement que d'un point de vue sanitaire et écologique, l'élevage industriel est une aberration et un scandale sans précédent. Les animaux consommés sont des monstres génétiques incapables de se reproduire, sans aucun système immunitaire (et donc gavés de médicaments simplement pour survivre), qui n'ont jamais vu la lumière du jour, n'ont pu bouger d'un pouce pendant leur misérable vie ni même s'occuper de leurs petits... Et l'illusion, apaisante pour nos consciences, d'une mort rapide et sans douleur ne résiste pas aux témoignages hallucinants de sadisme des ouvriers d'abattoirs. On n'est pas dans le domaine de la sensiblerie mais de l'humanité la plus élémentaire.

    Bien que végétarien, J.S. Foer ne rejette pas la consommation de viande en soi mais la moindre des choses est d'offrir à l'animal que nous voulons consommer une vie de liberté et dépourvue de souffrance. La nature est composée d'espèces qui en mangent d'autres et pourtant, la nature n'est pas cruelle: l'auteur fait remarquer avec beaucoup de justesse que la cruauté dépend de la compréhension qu'on en a et de la capacité à choisir de ne pas l'exercer... ou à choisir d'ignorer.

    C'est précisément ce que l'on ne peut plus faire après avoir lu ce livre: ignorer. Que l'on choisisse de rester omnivore ou de devenir végétarien, c'est la conscience personnelle de chacun qui le déterminera mais au moins, ce sera en toute connaissance de cause et l'on ne pourra pas dire que l'on ne savait pas.

    On peut être tenté de se dire que nos petits choix ne changent rien, et pourtant... "chaque fois que vous prenez une décision concernant votre alimentation, vous faites de l'élevage par procuration". Les éleveurs ne font que produire ce que nous demandons...

    "Faut-il manger les animaux ?" est un livre in-dis-pen-sa-ble, qui nous concerne tous et dont un des plus beaux messages est sans doute celui-ci: "La compassion est un muscle qui se renforce en travaillant et l'exercice régulier consistant à choisir la bonté plutôt que la cruauté ne pourrait que nous transformer."

     

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