• Une vie

    Une vie« En elle se développait une espèce de mélancolie méditante, un vague désenchantement de vivre ». *****

    Elle, c’est Jeanne, jeune fille de bonne famille que nous rencontrons alors qu’elle sort du couvent dans lequel elle a été cloîtrée durant son adolescence. Elle en sort sans rien savoir du monde, pleine d’enthousiasme à l’idée de la vie qui l’attend enfin.

    Mais dans la Normandie du 19ème siècle, le sort des femmes est peu enviable («n’oublie point ceci, que tu appartiens tout entière à ton mari »... urgh ☹️) et ledit mari est de ceux qui donnent envie de faire vœu de chasteté pour le reste de ses jours. Car si Julien de Lamare semble gentil de prime abord, il ne tarde pas à perdre son « vernis et son élégance de fiancé » et à montrer son vrai visage : rustre, avare, volage…  au point que Jeanne en vient rapidement à considérer le mariage comme un « trou ouvert sous vos pas ».

    Heureusement, il y a la maternité, dans laquelle Jeanne croit pouvoir s’épanouir. Mais là aussi, les scénarios de son imaginaire correspondent bien peu à la réalité et sa vie de mère sera elle aussi placée sous le sceau du désenchantement…

    « Une vie » est un roman imprégné de tristesse, la vie de Jeanne étant prétexte à des réflexions sur la solitude et la tristesse vécues ici-bas : « deux personnes ne se pénètrent jamais jusqu’à l’âme, <…>, l’être moral de chacun de nous reste éternellement seul pour la vie. » ou encore « Elle regardait <…> cette radieuse éclosion du jour, se demandant s’il était possible que, sur cette terre où se levaient de pareilles aurores, il n’y eût ni joie ni bonheur. ».

    A ne pas lire les soirs de déprime, donc (même si l’auteur tente de glisser une petite note d’espoir vers la fin, sans doute assailli par le remords), mais à savourer si vous aimez la belle littérature française et l’atmosphère de la campagne normande : le style est magnifique et la nature décrite avec sensibilité et poésie, que ce soient les traînées grises de pluie, le givre hivernal ou la mer qui attendait « l’amant de feu qui descendait vers elle ». Un voyage doux-amer dans une autre vie et un classique à (re)découvrir.

     

     

     

     


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