• Un garçon d'Italie

     

    Un garçon d'Italie« J’aurais dû contempler ce visage jusqu’à la fin du monde, le monde est encore là et lui n’y est plus. J’ai eu cette pensée toute simple, que je ne sais pas énoncer autrement qu’avec des mots simples. La tristesse parfois est une régression. » ****

    Ce visage est celui de Luca, mort noyé dans les eaux de l’Arno. Celle qui nous parle de ce visage, c’est Anna, sa compagne depuis plusieurs années, alors qu’elle tente de faire face à l’absence, s’interrogeant sur tous ces moments, et surtout ces dernières minutes, que l’on n’a pas passés avec la personne aimée : « Comment ai-je admis de ne pas le contempler, le toucher, alors que je savais qu’il me serait soustrait pour l’éternité ? » A la souffrance du deuil s’ajoute bientôt celle du questionnement : lorsqu’elle se rend dans l’appartement de Luca, un nom inconnu sur la page d’un livre lui fait entrevoir un ailleurs qu’il avait gardé secret.

    Le récit d’Anna est interrompu par un deuxième narrateur, d’un autre monde cette fois : Luca, qui nous raconte la morgue, puis la descente sous la terre, l’obscurité froide, la dernière rose qui vient l’y accompagner alors que l’automne tombe sur Florence. Luca nous parle aussi de son amour pour Anna, celle qui a accepté qu’il garde son indépendance et même qu’il soit supporter de la Fiorentina mais à qui il n'a pourtant pu révéler une part essentielle de lui-même.

    Comme les affections sont rarement simples chez Philippe Besson, une troisième voix vient s’ajouter au récit : celle de Leo, jeune prostitué de la gare, « celui qu’on cache, celui qui est interdit de paraître », à qui Luca faisait l’amour sans jamais être son client. Leo n’a pas eu de place officielle dans la vie de Luca –il ne l’a d’ailleurs jamais discuté, acceptant d’être « ailleurs »– et pourtant, son chagrin transparaît tout aussi sûrement que celui d’Anna : « Le David de marbre n’est qu’une copie mais son regard distrait, jeté de son piédestal, et son bras replié comme un symbole de la grâce suffisent à me faire frémir. Il me faut ces moments, qui sont des moments d’éternité, pour ne pas crier. »

    Trois voix qui se mélangent harmonieusement pour un roman court et empreint de mélancolie, où l’on retrouve toute l’élégance littéraire de Philippe Besson et sa finesse dans l’analyse de sentiments complexes.

     

    Du même auteur: 

    Son frère

    Arrête avec tes mensonges

    Les jours fragiles

    Se résoudre aux adieux

    Un homme accidentel

     


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