• Se résoudre aux adieux

     

    Se résoudre aux adieuxVoyage doux amer dans les méandres de la rupture amoureuse *****

    Séduite par « Arrête avec tes mensonges » et par la plume de son auteur, j’ai eu envie de découvrir une autre œuvre de Philippe Besson et l’élégance du titre « Se résoudre aux adieux » a contribué à mon choix.

    « Se résoudre aux adieux » est le récit d’une banale rupture amoureuse, élevée par la magie de l’écriture au rang d’œuvre littéraire. Ce récit est présenté sous forme de lettres que Louise, la femme abandonnée, écrit sans attente de retour à Clément, l’homme volage qui menait une double vie et a fini par trancher. Au fil d’un voyage aux escales diverses  -La Havane, New York, Venise, l’Orient-Express, Paris-, Louise tente de guérir sa profonde blessure par l’écriture, avec pour seul destinataire Clément, puisque des paroles sans destinataire, « c’est écrire au vent, au désert, à l’abîme ». Elle revient sans complaisance sur son histoire avec Clément, qui est de celles où la souffrance est à la mesure du bonheur éprouvé (« Et puis, j’ai vécu une belle histoire. On est forcément reconnaissant à ceux qui nous gratifient d’une belle histoire. Ce n’est pas donné à tout le monde. J’ai été heureuse, vraiment. Heureuse et peureuse, au même moment, cela peut paraître étrange. Et le bonheur est passé. La peur, elle, est restée. »).

    L’intrigue est réduite à sa plus simple expression, puisqu’il ne se passe pas grand-chose si l’on s’en tient aux faits. Par contre, Philippe Besson parvient à capturer magnifiquement l’âme d’une femme et il décrit avec une précision presque analytique les étapes successives de la souffrance de l’amoureuse abandonnée, dans une histoire dès le départ vouée à l’échec (« Dès le commencement de notre histoire, j’ai admis que tu étais plus fort que moi, que ma défaite était inéluctable. Je ne peux donc prétendre ignorer dans quel état je finirais : en lambeaux. Faible mais lucide. Au fond, j’ai ce que je mérite. »).

     

    Ce roman m’a beaucoup touchée par sa finesse dans l’analyse du ressenti de l’héroïne, femme indépendante et pourtant si fragile dès lors qu’elle s’abandonne au sentiment amoureux. Elle m’a rappelé la narratrice de « Passion simple » d’Annie Ernaux, provoquant le même mélange d’agacement devant tant de dépendance puérile et de compassion face à la douleur si vive de quelqu’un qui est à genoux. Une très belle lecture, un voyage doux amer dans les méandres d’une âme de femme, magnifiquement narré par un homme.

     

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