• Ma cousine Rachel

    Ma cousine RachelElégance à l’anglaise ****

    "Si ce fut de la tendresse, elle m'habite encore. Je reste émerveillé d'avoir compris à quel point une femme qui accepte l'amour reste sans défense. Peut-être est-ce leur secret pour nous lier et le réservent-elles jusqu'à la fin. Je ne puis savoir, ne possédant aucun terme de comparaison. Elle fut pour moi la première et la dernière."

    L’excellent souvenir gardé de «Rebecca» m’a donné envie de découvrir «Ma cousine Rachel» et je n’ai pas été déçue. Dès les premiers paragraphes, le lecteur est emmené dans un univers sombre, voire inquiétant : « Dans l’ancien temps, l’on pendait les gens au carrefour des Quatre-Chemins. <...> Il se balançait sur son gibet, entre ciel et terre, ou, comme le dit mon cousin Ambroise, entre ciel et enfer. Il n’atteindrait jamais le ciel, et l’enfer qu’il avait connu était perdu pour lui. »

    Le narrateur, Philip Ashley, est un jeune homme d’une grande naïveté, orphelin de bonne heure et élevé par son cousin Ambroise, plus âgé, dans le somptueux domaine de celui-ci. Ils coulent des jours heureux, loin du monde et aussi des femmes, jusqu’à ce qu’Ambroise décide d’effectuer un voyage à Florence. Les nouvelles que reçoit Philip se suivent et ne se ressemblent pas : Ambroise y a rencontré une comtesse italienne, qui s’avère être leur cousine Rachel, dont il parle avec de plus en plus d’enthousiasme avant d’annoncer qu’ils se sont mariés. A ces lettres succèdent d’autres plus inquiétantes, dans lesquelles il fait part du changement observé chez son épouse et de ses soupçons quant à une tentative d’empoisonnement dont il serait victime. Lorsque Philip, alarmé, se rend en Italie, il est hélas trop tard et il y apprend la mort d’Ambroise. Son ressentiment envers l’épouse inconnue ne fait que croître, jusqu’à ce qu’il rencontre Rachel à son retour en Angleterre et se rende compte qu’elle ne correspond guère à l’image qu’il se faisait d’elle… « Aux médiocres le tumulte du monde. Ceci n’était pas le monde, ceci était un enchantement qui m’appartenait. Je n’aurais pas voulu le garder pour moi seul. »

    Sans avoir la puissance romanesque des « Hauts de Hurlevent », par exemple, « Ma cousine Rachel » est cependant une oeuvre très agréable à lire, dans la tradition des romans à l’ancienne : une intrigue au suspense savamment distillé  -amateurs de thrillers trépidants, passez votre chemin-, l’atmosphère toujours fascinante d’un manoir anglais, une prose de grande qualité (au risque de paraître snob, quel plaisir de lire du passé simple, si malmené de nos jours, et même des subjonctifs imparfaits smile ). Une très belle lecture que je vous conseille si vous aimez les sœurs Brontë ou Jane Austen.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :