• La vérité sur "Ils étaient dix"

    La vérité sur "Ils étaient dix"« Les personnages ne se contentent pas d’avoir une forme d’existence, ils bénéficient d’une marge de liberté qui les conduit à prendre des décisions différentes de celles que l’auteur avait prises à leur sujet et qu’il croyait sans appel. » ****

    Partant du principe que les personnages d’une œuvre littéraire peuvent avoir une existence propre et s’écarter du rôle qui leur a été dévolu par leur auteur, Pierre Bayard s’attaque à l’un grands classiques de la littérature policière, « Dix petits nègres » (oups, pardon, « Ils étaient dix » sarcastic).

    Mise en garde tout d’abord : cet essai contient des spoilers non seulement du roman précité (inévitable, bien sûr) mais également d’autres romans d’Agatha Christie (« ABC contre Poirot », « Le meurtre de Roger Ackroyd » et « Les vacances d’Hercule Poirot ») et je vous conseille dès lors vivement de les lire avant d’entamer celui-ci sous peine de voir gâcher le plaisir de bonnes énigmes.

    L’auteur commence par un rappel des personnages et de l’intrigue de « Ils étaient dix » et il n’est dès lors pas nécessaire de le relire si, comme moi, vous l’aviez lu il y a de nombreuses années. Le principe de l’essai est simple et original :  les lecteurs et Agatha Christie elle-même ont été bernés et Pierre Bayard donne la parole au vrai coupable, relevant une série d’incohérences dans le scénario communément accepté (« Et surgit alors la question qui ne semble avoir taraudé aucun des lecteurs du roman depuis sa parution : comment l’assassin pouvait-il prévoir qu’il y aurait une tempête ? ») en  proposant une solution alternative.

    J’ai beaucoup aimé me replonger indirectement dans ce roman qui a été un de mes premiers grands bonheurs de lecture et en découvrir une autre analyse. L’auteur, professeur de littérature, établit également des comparaisons intéressantes avec d’autres concepts littéraires et psychologiques, que ce soient les meurtres en chambre close, le processus de biais cognitif, l’illusion d’optique ou encore la cécité d’inattention.

    Petit bémol : même si elle tient la route (et s’il est sans doute le seul à y avoir pensé smile), l’explication finale proposée par Pierre Bayard peut être soumise aux mêmes critiques que celles qu’il formule à l’égard de l’originale et personnellement, je préfère celle d’Agatha smile

    Un ouvrage qui dérangera peut-être les inconditionnels mais que j’ai trouvé érudit et plaisant à lire et qui a le mérite de jeter un éclairage original sur l’une des meilleures énigmes de la littérature policière.

     

     

     

     


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