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    The Distant HoursDe la très belle littérature *****

    Lorsque Meredith Burchill reçoit une lettre égarée il y a plus de cinquante ans, l'émotion qu'elle ne parvient pas à dissimuler laisse entrevoir à sa fille Edie un pan de sa vie qu'elle a jusqu'alors tenu secret. Mue par le désir de savoir ce qui a fait de sa mère ce qu'elle est, Edie se rend alors à Milderhurst Castle, là où Meredith a été recueillie en 1941 par la famille Blythe et où vivent encore aujourd'hui les trois soeurs Blythe: les jumelles, Percy et Saffy, et leur jeune soeur Juniper, qui n'a jamais surmonté son abandon par son fiancé, le séduisant Thomas Cavill, et a perdu la raison. Que s'est-il réellement passé cette nuit de 1941 et quels secrets cachent les vies des étranges soeurs Blythe ? Les pierres de Milderhurst commencent à chuchoter et à révéler leurs heures lointaines...

    "The Distant Hours" est avant tout une oeuvre littéraire et non un thriller trépidant, même si énigmes il y a et si elles trouvent réponse. Kate Morton est incontestablement un écrivain de grand talent qui ne se contente pas de narrer les faits bruts: elle plante son décor et ses personnages avec le plus grand soin et l'histoire se savoure bien plus qu'elle ne se dévore, portée par une belle écriture et une atmosphère bien évoquée qui m'a par moments rappelé le somptueux "Wuthering Heights".

    Si le rythme un peu lent risque de décevoir les amateurs d'action, je pense par contre que les amoureux de la littérature seront séduits par ce très beau roman qui ne pourrait être mieux résumé que par Kate Morton elle-même: "A crumbling castle, a family of sisters, a love of books and reading, the haunting of the present by the past, thwarted love, ghostly shivers, mystery and memory and secrets"... et beaucoup de plaisir pour ses lecteurs.


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    Papillon de nuitUn premier roman de grande qualité *****

    présélectionné pour le CWA Ian Fleming Steel Dagger 2003 

    parution en livre de poche : 1er février 2017

    Ayant adoré "A Quiet Belief in Angels" ("Seul le silence"), "Ghostheart" et, dans une moindre mesure, "A Simple Act of Violence" et "Anniversary Man", j'avais un peu hésité à lire "Candlemoth" ("Papillon de nuit") en me disant qu'en tant que premier roman, il ne serait qu'une pâle esquisse de ce que l'auteur écrirait ultérieurement avec brio. Grave erreur, "Candlemoth" a la maturité d'un auteur accompli et il est difficile de concevoir qu'il s'agit là de la première oeuvre de R.J. Ellory.

    L'histoire est narrée par Daniel Ford, qui vit ses dernières semaines dans le couloir de la mort avant d'être exécuté sur la chaise électrique pour le meurtre de son ami d'enfance Nathan Vierney. Il raconte son amitié avec Nathan, les difficultés nées du fait que Nathan est de race noire, et retrace leur histoire en parallèle avec celle de l'Amérique des années soixante, et notamment la guerre du Vietnam qui vient bouleverser leurs vies.

    Le suspense tient évidemment au fait que d'une part, le lecteur ne perçoit pas ce qui a pu mener Daniel à assassiner son ami compte tenu de la force du lien qui les unit, et que d'autre part, le compte à rebours morbide a commencé pour Daniel, que chaque heure rapproche de son exécution. R.J. Ellory parvient magnifiquement à transmettre les émotions et j'avoue avoir dévoré la fin du livre le coeur battant, tant on ressent l'angoisse terrifiante qui s'empare du condamné à l'approche de l'exécution, indépendamment des raisons qui l'ont mené là.

    Un petit bémol pour la résolution finale -mais je n'en dis pas plus pour ne pas lever le voile-, mais qui n'empêche pas l'ensemble de vraiment valoir le détour. Bien écrit, intelligent, parfois didactique, plein de sensibilité. Vivement conseillé...

     

    Du même auteur:

    Les anges de New York

    Un coeur sombre

    Seul le silence

    Ghostheart

    Mockingbird Songs


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    CandlemothUn premier roman de grande qualité *****

    présélectionné pour le CWA Ian Fleming Steel Dagger 2003 

    parution en français : 1er février 2017

    Ayant adoré "A Quiet Belief in Angels" ("Seul le silence"), "Ghostheart" et, dans une moindre mesure, "A Simple Act of Violence" et "Anniversary Man", j'avais un peu hésité à lire "Candlemoth" en me disant qu'en tant que premier roman, il ne serait qu'une pâle esquisse de ce que l'auteur écrirait ultérieurement avec brio. Grave erreur, "Candlemoth" a la maturité d'un auteur accompli et il est difficile de concevoir qu'il s'agit là de la première oeuvre de R.J. Ellory.

    L'histoire est narrée par Daniel Ford, qui vit ses dernières semaines dans le couloir de la mort avant d'être exécuté sur la chaise électrique pour le meurtre de son ami d'enfance Nathan Vierney. Il raconte son amitié avec Nathan, les difficultés nées du fait que Nathan est de race noire, et retrace leur histoire en parallèle avec celle de l'Amérique des années soixante, et notamment la guerre du Vietnam qui vient bouleverser leurs vies.

    Le suspense tient évidemment au fait que d'une part, le lecteur ne perçoit pas ce qui a pu mener Daniel à assassiner son ami compte tenu de la force du lien qui les unit, et que d'autre part, le compte à rebours morbide a commencé pour Daniel, que chaque heure rapproche de son exécution. R.J. Ellory parvient magnifiquement à transmettre les émotions et j'avoue avoir dévoré la fin du livre le coeur battant, tant on ressent l'angoisse terrifiante qui s'empare du condamné à l'approche de l'exécution, indépendamment des raisons qui l'ont mené là.

    Un petit bémol pour la résolution finale -mais je n'en dis pas plus pour ne pas lever le voile-, mais qui n'empêche pas l'ensemble de vraiment valoir le détour. Bien écrit, intelligent, parfois didactique, plein de sensibilité. Vivement conseillé...


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  •  Passion simple

    Passion simpleRegards croisés *****

    La relecture de « Passion simple », que j’avais lu il y a plus de dix ans, est la démonstration de l’évolution de la perception que l’on peut avoir d’un livre. Le souvenir laissé par ce livre fort était le romantisme d’une belle et triste histoire, l’amour fou de la narratrice et d’un homme marié, exprimé avec beaucoup de finesse et de talent.
    Les qualités objectives du livre et de l’écriture n’ont bien sûr pas changé -Annie Ernaux est professeur de lettres et parvient à mettre les mots justes sur les sentiments- mais par contre, je l’ai vécu cette fois comme une histoire terrifiante de dépendance affective. Un passage révélateur: « J’étais entrée dans un état où même la réalité de sa voix n’arrivait pas à me rendre heureuse. Tout était manque sans fin, sauf le moment où nous étions ensemble à faire l’amour. Et encore, j’avais la hantise du moment qui suivrait, où il serait reparti. Je vivais le plaisir comme une future douleur. »


    « Passion simple » porte bien son titre. Il s’agit d’un court récit intime portant sur un événement simple, où se mêlent l’expérience de vie de l’auteur et la narration littéraire et qui peut être perçu comme une histoire d’amour romantiquement tragique (ce fut ma perception à première lecture) ou, avec plus de cynisme, comme une relation malsaine qui n’apportait que souffrance à la narratrice. Une belle lecture, quel que soit le regard final que chacun portera.

     

    Du même auteur:

    L'événement

     

    Vous aimerez peut-être:

    Philippe Besson, Se résoudre aux adieux

    Pascale Joye, Ce qu'il restera de nous


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    Les lieux infidèlesChez ces gens-là... ****

    ...il y a l'alcool, le chômage, la violence et leurs ravages, et puis il y a Rosie, qui est belle comme un soleil et qui, rêvant d'une autre vie, a décidé de s'enfuir avec son grand amour, Frank Mackey. Mais cette nuit-là, il y a vingt-deux ans, Frank a attendu et Rosie n'est jamais venue.

    Frank est maintenant devenu policier infiltré, il a reconstruit tant bien que mal sa vie loin de ce qui lui servait de famille mais n'a jamais oublié Rosie. Aussi revient-il sans hésiter sur les lieux sombres de sa jeunesse lorsque sa soeur l'appelle pour lui dire que l'on a retrouvé la valise de Rosie...

    « Les lieux infidèles » est un roman noir à la fois par son intrigue et par l'atmosphère dans laquelle il nous plonge, un quartier pauvre et populaire de Dublin. En tant que roman policier pur, je ne peux pas dire que le suspense soit insoutenable et les révélations fracassantes. Par contre, par certains aspects sociologiques et littéraires, Tana French m'a un peu fait penser à la grande Elizabeth George et ce sont ces côtés-là qui constituent l'intérêt du roman: les personnages et leur milieu glauque sont bien esquissés, avec quelques touches de tendresse dans la relation qu'entretient Frank avec son enfant, l'atmosphère irlandaise est bien évoquée et l'écriture plaisante.

    Peut-être pas le livre idéal pour les amateurs de polar pur, « Les lieux infidèles » serait plutôt une réflexion sur le poids accablant d'un milieu et d'une famille dysfonctionnels sur l'individu, avec comme trame une intrigue policière classique et bien menée.

     


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